En tas sur le trottoir
Une jeune femme déguenillée
Réclame sans espoir
D’une main et d’un regard appuyés
Un peu de picaillon
Accroché à son téton un morveux
S’active à la succion
Je les frôle et j’ignore leurs yeux
Expression de mes peurs
A la vue de l’hideux spectacle de la misère
A la fragrance du malheur
Tant le confort me semble éphémère
Je feins l’indifférence
J’accélère le pas j’étouffe la révolte
Face à l’injustice de la naissance
Et les déterminants qui s’y récoltent
Et moi au dernier soir
Seul dans mon lit que vais-je réclamer
Un supplément d’histoire ?
La présence rassurante de ceux que j’ai aimés ?
Qu’une main généreuse pousse la morphine ?
Mais qu’ai-je offert à ces gueux
Mes semblables souillés par la crasse et la vermine ?
Juste une ombre sans cœur ni yeux